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Location of Benghazi within Libya.

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Si Tripoli n’arrive pas à se « libérer », l’opposition est prête à marcher sur la capitale

France24 :

Devant la progression de la marche de l’opposition vers Tripoli, mais aussi la multiplication des injonctions occidentales, le colonel Mouammar Kadhafi a décidé de s’exprimer dans l’après-midi à la télévision nationale libyenne.

Par Aude SOUFI / Jonathan WALSH

AFP Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était de plus en plus isolé jeudi, confronté à une opposition maîtresse
de l’Est et sommé par l’Occident de stopper le bain de sang, la communautéinternationale disant craindre une catastrophe humanitaire due à l’exode.

M. Kadhafi, le plus ancien dirigeant du monde arabe, devait s’adresser dans l’après-midi aux habitants de la ville de Zawiyah, à 60 km à l’ouest de Tripoli, selon la télévision officielle, deux jours après un discours enflammé dans lequel il
avait juré de réprimer dans le sang l’insurrection.

Bilan des victimes
Les violences liées au soulèvement  contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi ont fait au moins 640 morts,  dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi, soit plus du double que le bilan  officiel de 300 morts, a annoncé la Fédération internationale des ligues de  droits de l’homme (FIDH).

Au dixième jour de cette révolte qui a fait des centaines de morts, les rues de la capitale Tripoli étaient quasi-désertes le matin après une nuit troublée par des tirs nourris, notamment dans la banlieue est.

Dans l’ouest du pays, la ville de Zouara, a été « désertée par la police et les militaires » et « le peuple tient la ville », ont affirmé des témoins arrivés dans la Tunisie voisine par la route.

« Il n’y pas de policiers ni de militaires, c’est le peuple qui tient la ville », située à 120 km à l’ouest de Tripoli, a déclaré à l’AFP un ouvrier égyptien, Mahmoud Mohammed Ahmed Attia.

Dans la région orientale riche en pétrole tombée aux mains des opposants, les murs criblés de balles dans la ville d’Al-Baïda sont autant de stigmates de la violence des combats entre opposants et « mercenaires » pro-régime.

« J’ai démissionné et je suis venu à Al-Baïda pour être solidaire de mon peuple », assure le général Salah Mathek, un responsable de la police judiciaire, qui a fait défection comme une dizaine de généraux et de colonels.

« Ils nous ont ordonnés d’attaquer le peuple et j’ai refusé », explique un autre général, Abdel Aziz al-Busta.

« On parle de marcher sur Tripoli. Notre objectif est Tripoli, si Tripoli n’arrive pas à se libérer par lui-même », dit un autre officier.

Les opposants semblent contrôler la région allant de la frontière égyptienne jusqu’à la localité d’Ajdabiya plus à l’ouest, en passant par Tobrouk, Derna et Benghazi, épicentre de la contestation à 1.000 km à l’est de Tripoli.

Après des jours d’hésitation, les Etats-Unis et l’Union européenne envisagent des sanctions contre le régime de M. Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, de plus en plus isolé après avoir été lâché par ses pairs arabes et plusieurs
proches et diplomates.

Alors que le président américain Barack Obama a pris la parole pour la première fois publiquement mercredi et jugé « scandaleux » le bain de sang en Libye, l’UE a chargé ses experts d’examiner des interdictions de visa, des gels
d’avoirs, et d’éventuelles poursuites contre des dirigeants libyens.

Paris a estimé que les violences perpétrées par le pouvoir « pourraient constituer des crimes contre l’humanité » et

souhaité que M. Kadhafi « vive ses derniers moment de chef d’Etat ». Londres s’est dit favorable à « une nquête internationale » sur les « atrocités ».

La Commission européenne s’est dite préoccupée par le risque de catastrophe humanitaire et évaluait les besoins en cas d’exode massif de la population, au moment où l’évacuation de dizaines de milliers d’étrangers continuait par air
et par mer, dans des conditions difficiles.

L’UE cherche un appui naval militaire pour évacuer ses quelque 6.000 ressortissants toujours en Libye, a indiqué un porte-parole de la Commission. Un ferry de 1.000 places a accosté en Libye pour commencer à évacuer 18.000 Indiens. Aux frontières avec la Tunisie et l’Egypte, les postes frontières voient également grossir le flux des libyens et des étrangers fuyant le pays.

Le Croissant-Rouge tunisien a ainsi mis en garde contre un « risque catastrophique » d’exode massif, alors que le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni a exhorté ses partenaires européens à aider son pays à faire face à un risque de crise humanitaire « catastrophique ».

La Libye détenant les plus importantes réserves de pétrole en Afrique, l’or noir poursuivait son envolée sur les marchés, atteignant des prix record depuis plus de deux ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a même
frôlé les 120 dollars avant de se replier.

La production d’ENI, premier producteur étranger en Libye, a été réduite de plus de 50% à 120.000 barils par jour après l’arrêt de certaines activités en raison des violences, a indiqué son directeur général.

D’autres groupes pétroliers ont cessé toutes leurs activités dans le pays comme l’Espagnol Repsol ou une partie comme le Français Total.

Mardi, M. Kadhafi a appelé la police, l’armée et ses partisans à réprimer les protestataires, avertissant de possibles « boucheries » et menaçant de « purger (le pays) maison par maison ».

Pour le ministre libyen de la Justice démissionnaire, Moustapha Abdel Jalil, le colonel Kadhafi se suiciderait « comme Hitler l’a fait ».

Depuis le 15 février, 300 personnes ont été tuées, selon un bilan officiel, la plupart à Benghazi, deuxième ville du pays. Mais la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a parlé d’au moins 640 morts.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a promis de « faire tout son possible pour aider » les insurgés, alors que les islamistes ont toujours été la bête noire du colonel libyen.

Sur le terrain. Les opposants à Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle de la ville de Zouara, à 120 km à l’ouest de Tripoli, selon des travailleurs égyptiens fuyant la Libye, cités par l’agence Reuters. Cette ville est la deuxième de la région, après la capitale. Ce qui suggère que le soulèvement progresse. A 200km à l’est de la capitale, les partisans du Guide
tentaient de reprendre Misrata, la troisième ville du pays, sous le commandement d’un de ses fils, Khamis. Les combats ont fait plusieurs morts. Le régime semblait avoir perdu mercredi le contrôle de vastes régions de l’est de la Libye, riches en pétrole, où des soldats rejoignaient le mouvement de contestation. La province libyenne de Cyrénaïque (est), qui est frontalière de l’Egypte et représente à peu près la moitié du pays (dont une grande partie désertique), n’est plus sous le contrôle du gouvernement, a déclaré à Rome le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. L’opposition
revendique aussi le contrôle d’Al-Zawiyah, ville côtière située à 60km à l’ouest de Tripoli, à proximité d’un terminal pétrolier et de raffineries. D’après un témoin, des soldats de Mouammar Kadhafi ont ouvert le feu à l’arme automatique
et détruit le minaret de la mosquée au missile anti-aérien. Faisant dix morts et des dizaines de blessés, selon un journal libyen. Coup de bluff ou pas, le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a déclaré mercredi qu’Al-Qaïda avait établi un émirat islamique à Derna, dans la zone contrôlée par les opposants. Cet émirat serait dirigé par un ancien détenu de Guantanamo. Quoi qu’il en soit, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a promis de « faire tout son possible pour aider » les insurgés, estimant que leur combat est « le combat de tout musulman qui aime Allah et son messager », selon le centre américain de surveillance de sites islamistes.

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